LA RELIGION DES ANCIENS EGYPTIENS – 27 Mai 2025

IIème partie :

Dieu et dieux dans l’Égypte ancienne

Nous vous renvoyons au site de la SPANAH concernant la première partie de cette conférence relative à la religion des anciens Égyptiens.

Entre les déserts Arabique à l’est et Lybique à l’ouest l’immense fleuve du Nil assurait au pays une fertilité extraordinaire grâce à la crue annuelle ( saison Acket).
Le lever et le coucher du soleil (symbolisant le dieu Ra d’Heliopolis) rythmait la vie des hommes :
On se levait avec le jour , on se couchait avec la nuit. À l’exception des pharaons, les Égyptiens étaient monogames et il existait une vraie égalité entre mari et femme.

Par le » livre des morts » et « la confession négative » nous savons que la morale égyptienne était très proche de la morale judéo-chrétienne.

Ainsi le défunt pour se justifier devant Osiris et gagner son paradis (Les champs du Yalou) Affirmait-il :

« Je n’ai pas tué je n’ai pas volé je n’ai pas convoité les biens du prochain je n’ai pas commis d’adultère… Et plus proche du commandement d’amour, je n’ai fait pleurer personne » (papyrus Ani).

La rive droite du Nil était réservée aux vivants , la rive gauche le long de la montagne de l’Ouest aux sépultures , que les Égyptiens avaient donc toute la journée sous les yeux, ce qui ne manquait pas d’influer  sur leur religiosité « Le bel Occident ».

Ils étaient essentiellement agriculteurs mais aussi pêcheurs ,chasseurs ,marins.

La navigation sur le Nil était facilitée par le fait que le vent soufflait en règle générale du nord au sud ce qui permettait de remonter le fleuve ,la descente étant par contre facile compte tenu du courant.

Les guerres étaient  rares et en conséquence le métier militaire très prisé.

Après une vingtaine d’années d’activité le militaire prenait sa retraite et se voyait donner une petite exploitation rurale et une habitation.

Enfin de manière générale , le métier de scribe était très répandu. Les Égyptiens notaient tout , ce qui a d’ailleurs facilité la connaissance de leur civilisation.

Lorsque la crue du Nil se retirait (saison Peret) il fallait reconstituer les limites des propriétés d’où la nécessité d’arpenteurs mais aussi de notaires, d’avocats, de juges, de greffiers .

Les demeures des vivants était faites de briques crues séchées au soleil, y compris les palais des pharaons. Le granit d’Assouan et le calcaire , particulièrement le beau calcaire de Gournah, était réservé aux hypogées et aux temples des dieux.

l’Égypte ( Kem- ta la terre noire) était une théocratie ; le dieu des dieux(Netjer netjerou) intronisait le pharaon et en faisait un être divin, et sa divinité se transmettait de père en fils. À ce titre il était le seul grand prêtre de tous les temples y plaçant au quotidien des auxiliaires.

Si Ra a la prééminence, d’autres dieux sont aussi considérés comme le créateur de l’univers : Ptah à Memphis qui crée l’univers par le Verbe, Thoth qui a créé l’écriture sacrée et qui lui , crée par l’écriture , Knoum à Eléphantine, qui le façonne et façonne les hommes à partir de la glaise , enfin et surtout Amon (le caché) Dieu de Thebes en Haute Égypte qui crée  par l’esprit l’univers et la terre des hommes, ainsi que les hommes eux-mêmes et tout ce qui existe, à partir du chaos initial (le noun)…

Nous sommes ici tout près du récit de la Genèse.

Ces dieux dont le nom est de toute manière caché pour éviter toute appropriation ( le « je suis celui qui est » dans la réponse à Moïse) paraissent des figurations régionales d’un seul principe divin essentiel qu’Amenophis IV tentera en vain de synthétiser sous la forme du disque solaire Aton.

Il résulte de ce syncrétisme que quel que soit le dieu adoré dans le temple, le temple lui-même , les prêtres, le culte et les prières étaient quasi identiques.

LE TEMPLE

Sa plus extraordinaire représentation est le temple de Thèbes à Karnak, demeure d’Amon-Ra, place d’Election du dieu des dieux. Il se veut une figuration de l’univers . Comme tel il n’est jamais achevé car son achèvement signifierait la fin des temps. Construit en pierre il est entouré d’une enceinte de brique crue figurant le chaos des origines . Précédés par  les pylônes lesquels représentent les montagnes de l’est et de l’ouest se succèdent des péristyles puis des salles hypostyles aux colonnes papyriformes et lotiformes à l’imitation  de la nature.

Enfin on parvient à la chambre du dieu en son naos .

A Thèbes, s’ajoutent le temple annexe de Louxor , le temple de Mout la déesse mère ainsi que celui de Khonsou leur fils, dieu lunaire,  qui  préside au calendrier.

Annuellement à la fin de l’inondation Amon Mout et Khonsou se rendaient dans leurs barques respectives au temple de Louxor ou pendant quelques jours Amon folâtrait avec sa paredre.Amonet pour garantir la fertilité des futures récoltes ( l’Opet d’Amon).

Le temple de Thèbes nommé aussi « la place d’élection »s’étendait sur près de trois hectares si l’on tient à l’espace sacré le téménos. Il comportait et il comporte encore un lac sacré pour les ablutions et ou pataugent les canards destinés à la nourriture du dieu et des prêtres. Il comprend aussi les logements des prêtres mais également les facultés , la bibliothèque, la place de justice figurée par un grand disque d’argent près du 10e pylone. L’activité du temple ne se limitait pas aux choses religieuses:

Comme dans le temple de Jérusalem on y vendait des amulettes on y pratiquait la médecine mais aussi la magie. À plus ou moins grande échelle, tous les temples d’Égypte, quel que soit le dieu, étaient sur ce modèle, d’où le nom de Maison de vie qui leur était donné.

Bien sûr, Thèbes aux 100 portes avait la prééminence, dûe essentiellement à son dieu Amon, ce dieu dit aussi Amon Ra, dieu créateur de l’univers. C’était un dieu bienveillant qui voulait le bonheur des hommes. Au fond du temple à l’ Orient ,là où le soleil se lève, existait une petite chapelle dénommée Amon écoute les prières. C’est là qu’on venait le prier.

Préoccupés au premier chef du maintien en bon état de leur sépulture, leur maison de millions d’années, les fidèles faisaient don au temple de terrains destines en contrepartie à leur entretien perpétuel par le personnel du dieu.

C’est ainsi qu’ Amon devint formidablement riche :sous Ramsès 3 dépendaient de lui 81322 personnes , il était propriétaire de 421362 bestiaux, il possédait 2393 km² de champs labourables ;était propriétaire également de 65 villages de 83 bateaux de 433 jardins .Dix fois plus que les autres dieux.

Cette puissance rendait son clergé plus puissant que le pharaon lui-même qui pour échapper à leur emprise dut déplacer sa capitale: Amenophis IV à Tell Amarna., ou il tenta même de remplacer Amon par Aton le disque solaire.

Ramsès II plus diplomate se contenta d’établir la capitale de l’Égypte à Pi- Ramsès dans le delta.

LES PRÊTRES

On l’a dit le seul grand prêtre était le pharaon lui-même pour tous les temples et tous les rites. En son absence un vice grand prêtre assurait le service. À Thèbes il était épaulé par 450 prêtres fonctions diverses :

Astronomes, hierophantes, et tous autres serviteurs du dieu préposés aux cérémonies.

Comme pour les militaires suisses les prêtres ne l’étaient que pour des périodes d’environ 4 mois. A leur arrivée au temple ils étaient tondus rasés et épilés. Ce qu’ils devaient demeurer pendant tout leur service. À leur sortie de charge  on dressait un inventaire. Plusieurs fois par jour ils devaient se baigner dans le lac sacré au milieu des volatiles.

LE RITUEL

L’essentiel est le service de dieu , une statuette au fond du naos , le tabernacle. Le prêtre le plus haut gradé vient le matin habille le dieu le nourrit puis le descend vers l’entrée du temple , suivi en procession par l’ensemble du clergé, les danseuses sacrées, les divines adoratrices. Le soir on procède à la démarche inverse. La statuette est rangée dans le tabernacle, puis le prêtre entoure de sable le naos et le ratisse pour éviter toute intrusion humaine .

Il y a bien sûr de multiples fêtes. L’une des principales voit tout le peuple traverser le Nil vers la rive occidentale. On va en famille sur les tombes des chers disparus, pour pique-niquer devant la fausse porte et y déposer des fleurs et des pâtisseries. C’est une sorte de Toussaint .

DIEU ET DIEUX

La naïveté de certains rituels pourrait laisser penser que la religion égyptienne était loin de nos religions juive chrétienne ou musulmane. Ce serait une grave erreur. Nous ne pouvons citer que quelques exemples de la proximité des anciens Égyptiens avec nos préoccupations religieuses. Citons par exemple l’abattage rituel juif ou musulman.

Les prêtres égyptiens le pratiquaient de la même manière, mettant de côté le sang des animaux parce que celui-ci appartient à Dieu et à Dieu seul !

La traduction de hiéroglyphe est non pas bande dessinée mais « écriture sacrée » et l’on retrouve ce caractère dans l’écriture des icônes chez les orthodoxes et les coptes.

Champollion s’est aidé de la langue cote pour établir sa grammaire d’égyptien ancien. Et n’oublions pas que la Bible des septantes a été établie dans le cadre de la bibliothèque d’Alexandrie.

Nous avons vu que la morale des Égyptiens, leur désir de parvenir aussi purs que possible à leur dernière heure, pour gagner la vie éternelle, sont identiques aux nôtres

À cause de la mort et de la résurrection d’Osiris les Égyptiens croient à la résurrection des corps et à la vie éternelle de leur âme(BA).

Des 2500 avant Jésus-Christ le vizir Ptahhotep avait écrit à l’intention du futur Pharaon Izezi (5eme dynastie) un livre de sagesse dont on retrouve l’essentiel dans le livre biblique de la Sagesse et dans nos vertus cardinales, notamment d’humilité de force de tempérance ou de bienveillance.

La déesse Maat fille de Ra et qui en est  indétachable est très proche de la Sagesse biblique, elle qui est la Vérité -Justice.

S’ils ont été quelque peu encombrés de naïveté et de superstition ils étaient proches de la foi en un Dieu unique bon et miséricordieux à la différence des Grecs et des latins. Platon était d’ailleurs venu en Égypte recevoir l’enseignement des prêtres pendant plusieurs années.

Ils savaient rendre grâce au dieu des dieux (Neter neterou) pour la splendeur de la Création. Le psaume 104 reprend pratiquement sans changement les hymnes à Aton et à Amon.

Le peuple juif a pendant des siècles côtoyé le peuple égyptien et la langue copte comme la civilisation chrétienne copte conservent des traces importantes  de cette civilisation extraordinaire.

Il est même étonnant de constater que la croix des chrétiens coptes est la croix ancee qui était le symbole donné par le dieu aux hommes pour leur permettre de gagner la vie éternelle.